On observe aujourd’hui un regain d’intérêt pour le nucléaire, alors que l’accident de Fukushima en 2011 avait refroidi l’engagement pour l’atome de nombreux pays. L’Allemagne, la Suisse et le Japon, entre autres, avaient annoncé l’abandon progressif du nucléaire. Ironie de l’histoire, cette source d’électricité faible en carbone devient aux yeux de beaucoup d’acteurs politiques et économiques une partie de la solution pour décarboner nos sociétés.
En France, le président Macron a publiquement annoncé, le 12 octobre dernier, la relance de la construction de réacteurs nucléaires avec un investissement d’un milliard d’euros (sur les 30 milliards déployés par le plan France 2030). Outre le besoin de réduire massivement les émissions liées aux énergies fossiles, l’indépendance énergétique est également un argument mis en avant. Même annonce au Royaume-Uni où Boris Johnson a fait part de son intention de financer la construction d’une nouvelle centrale dans le cadre du plan « Net Zero Strategy ». Avec le gigantesque plan d’infrastructure de l’administration Biden, accepté dernièrement par le Congrès, les Etats-Unis vont dans la même direction.
L’Allemagne, critiquée par ailleurs pour ses centrales à charbon, s’oppose à cette coalition de pays européens « pro nucléaire » et refuse notamment que l’énergie nucléaire soit considérée comme une activité « green » dans le cadre de la nouvelle taxonomie verte de l’UE[1].
Le rôle du nucléaire dans le scénario « Net Zero Emissions »
A moins d’adopter un modèle économique qui prône la décroissance de nos modes de consommation et de production, l’électrification propre, provenant des énergies renouvelables, de l’hydraulique et du nucléaire, reste la piste privilégiée pour atteindre les objectifs des Accords de Paris (réchauffement d’un maximum de 2 degrés d’ici 2050). Dans ce scénario, les besoins en électrification, déjà importants et difficiles à satisfaire à l’heure actuelle, vont devenir énormes d’ici à 2050 (deux fois et demi plus importants). A titre d’illustration, les véhicules électriques représenteront alors 60% du marché automobile en 2030 contre 5% aujourd’hui.
Malgré leurs nombreuses qualités, les énergies renouvelables seules ne combleront pas le vide laissé par les énergies fossiles du fait de leur nature intermittente et de la difficulté de les stocker. Dans ce cadre, le nucléaire est donc considéré comme un contributeur sérieux au mix électrique mondial. Dans le scénario « net zero emissions » réalisé par l’Agence Internationale de l’Energie[2], la part du nucléaire dans la production d’énergie mondiale devrait au moins doubler d’ici à 2050 (5% du mix mondial en 2020), derrière les énergies renouvelables représentant les deux tiers et les énergies fossiles les 20% restant.
[1] La régulation vise à encourager les investissements dans les activités compatibles avec l’objectif climatique « Net Zero Emissions » de l’UE.
[2] Net Zero by 2050 – A Roadmap for the Global Energy Sector: www.iea.org/reports/net-zero-by-2050
Le nucléaire évolue, la perception des investisseurs responsables potentiellement aussi
L’enjeu environnemental des déchets radioactifs, l’utilisation intensive d’eau, l’extraction d’uranium et ses impacts, de même que les risques de santé et sécurité pesant sur les populations voisines des centrales nucléaires sont, depuis Tchernobyl, au cœur des réticences traditionnellement exprimées par les investisseurs responsables. Les coûts exorbitants nécessaires pour remplacer des centrales actuelles vieillissantes, selon les standards technologiques actuels, sont un autre facteur majeur. Aujourd’hui encore, le nucléaire figure dans la liste des critères d’exclusion choisis par de nombreux investisseurs responsables, privés ou institutionnels comme, par exemple, la caisse de pension de l’Etat de Genève.
Cependant, cette position pourrait rapidement évoluer, tant en raison de la question climatique qu’au regard des évolutions technologiques récentes. Une nouvelle génération de réacteurs, plus petits, moins polluants, moins chers et plus sûrs, est en train d’émerger (Small Modular Reactors). La France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni participent financièrement au développement des SMRs aux côtés d’entreprises comme Nuscale Power, Rolls-Royce ou EDF. Etant donné leurs faibles coûts relatifs de construction (en comparaison des grandes centrales), la solution des SMRs pourrait aussi intéresser des pays en développement.
En comparaison des énergies renouvelables dont les coûts sont en constante diminution et la propreté inégalable, l’énergie nucléaire doit être considéré comme du second choix. Face aux énergies fossiles comme le charbon, le nucléaire semble toutefois opérer un retour en grâce, y compris auprès de certains investisseurs responsables, surtout soucieux de décarboner leur portefeuille.
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