Voici bien longtemps que le début du mois d’août n’avait pas été aussi mouvementé et le changement d’humeur aussi radical. D’un contexte où les mauvaises nouvelles économiques étaient accueillies comme des signaux plutôt positifs préparant le terrain pour une baisse de taux aux Etats-Unis, elles sont redevenues négatives. Qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ? Peu de choses mais suffisamment pour que le rendement du Trésor américain passe de 4.15% le 30 juillet à 3.79% le 2 août, testant même les 3.66% en cours de séance le 5 août.
La hausse de taux au Japon, le signal accommodant de la Fed et surtout le rapport sur l’emploi américain ont été parmi les évènements majeurs. Ce dernier, inférieur aux attentes, a été impacté par un facteur ponctuel météo que les marchés ont choisi d’ignorer. Ils ont préféré se concentrer sur le verre à moitié vide et y voir un risque de récession craignant ainsi que la Fed ait trop attendu avant de baisser les taux et qu’elle devra mettre les bouchées doubles.
Double anticipation
Le rendement du Trésor de maturité 2 ans a suivi le même chemin, de 4.36% à 3.88% sur la même période, et 3.65% en cours de séance le 5 août. La trajectoire de cet indicateur des attentes de politique monétaire ne laisse aucun doute tout comme celle de l’échéance 10 ans qui reflète davantage les attentes économiques. En d’autres mots, ce mouvement de courbe reflète des anticipations d’accélération des baisses de taux sur fond d’anticipation de récession. En cours de séance le 5 août, la courbe s’est même brièvement normalisée et est redevenue croissante pour la première fois depuis juillet 2022 – jamais elle n’était restée si longtemps inversée. La volatilité a explosé et, au cours de la séance du 5 août, le mouvement de l’indice VIX a battu son record d’amplitude depuis sa création en 1990.
De deux baisses de taux de 0.25% d’ici la fin de l’année, le marché a commencé à anticiper des baisses avant même la prochaine réunion de septembre ! La Fed a rappelé à juste titre que ce rapport sur l’emploi n’annonçait pas encore une récession et qu’elle pouvait attendre d’autres données économiques avant de se réunir en septembre. Conjugués à des chiffres d’activité plutôt rassurants publiés en début de semaine, ces propos ont permis de corriger les mouvements extrêmes. Entre le 5 et le 8 août, le rendement de l’échéance 10 ans est remonté jusqu’à 3.97% mais les attentes de baisses de taux restent élevées.
Le choix de la qualité
Que pouvons-nous apprendre de ces mouvements et quelles leçons pouvons-nous en tirer ? A court terme, les mouvements extrêmes vont continuer à se dégonfler. Les marchés obligataires vont cependant continuer à avoir le vent en poupe : ils bénéficient du ralentissement économique, du cycle de baisse de taux qui se dessine et également de la baisse de l’inflation. Dans ce moment de stress intense, les obligations de bonne qualité ont joué leur rôle d’amortisseur. Et avec un contexte de ralentissement économique et de politiques monétaires plus accommodantes, les obligations de qualité demeurent un actif incontournable de tout portefeuille diversifié.
Nous vous invitons également à découvrir d'autres points de vue de Catherine Reichlin dans sa chronique mensuelle pour l'AGEFI.