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Wealth Management

Comment expliquer le boom du marché obligataire européen du crédit?

Le marché des nouvelles émissions a déjà battu son record historique: plus de 635 milliards d’euros émis au 3 décembre.

Découvrez l'analyse de Catherine Reichlin, Senior Fixed Income Analyst, publiée dans l'AGEFI.

Les obligations d’entreprise sont surtout impactées par les taux d’intérêt et les primes de risque (spreads). Les premiers sont un clair soutien dans un contexte de baisse de taux, mais qu’en est-il des spreads? A 0,99%, ils sont au plus bas, mais les secteurs pouvant souffrir d’une baisse de la consommation enchaînent les succès avec leurs nouvelles obligations.

Par exemple, Volkswagen, qui s’apprête à fermer des usines en Allemagne et à supprimer des dizaines de milliers d’emplois, n’a eu aucun problème à émettre 2,75 milliards d’euros, les carnets d’ordres ont même dépassé les 11 milliards. Dans le luxe, Kering et Burberry n’ont eu aucun mal à attirer les investisseurs malgré un ralentissement de la demande chinoise. Le secteur immobilier, l’un des gagnants de la baisse des taux, en profite aussi. Citycon, société immobilière finlandaise qui a dû procéder à un coûteux échange sur sa dette hybride fin mai pour sauver sa notation BBB-, obtient la meilleure performance sur une nouvelle obligation émise en décembre. Le retour en grâce est parlant: l’émission de 350 millions d’euros d’une nouvelle obligation verte a rassemblé une demande de 3,6 milliards d’euros. Par ailleurs, au 11 décembre, toutes les nouvelles obligations émises dans le mois ont vu leur spread se resserrer.

L’appétit du marché se constate aussi dans la performance de la dette spéculative. La qualité la plus faible (CCC-D) performe de plus de 24% cette année, contre 10,5% pour la notation B et 8,3% pour la BB. Et si en comparaison les 4% de progression de la catégorie «investissement» semblent minces, le crédit a le vent en poupe. Mais c’est du côté des facteurs techniques qu’il faut aller chercher la raison de ces performances. Alors que certains craignaient que des banques centrales plus restrictives provoquent une baisse de la liquidité, cela n’est pas le cas. Octobre a été le meilleur mois de collecte pour les fonds obligataires européens depuis juillet 2019 (42 milliards d’euros), selon Morningstar. Sur l’année, les collectes atteignent les 300 milliards d’euros, soit plus du double que pour les fonds actions. Ces flux stimulent le marché des nouvelles émissions dont le record historique est déjà battu: plus de 635 milliards d’euros émis au 3 décembre.

La chasse au rendement

Ce soutien immunise le marché obligataire européen à la volatilité mais incite des investisseurs à reprendre la chasse au rendement. En effet, la demande pour les obligations perpétuelles et de notation inférieure grimpe grâce à la notable différence de rendement entre dette senior et subordonnée. Selon des données Bloomberg, elle est de 2,7% pour une maturité/remboursement anticipé en 2030. En effet, les obligations financières senior rapportent 3,3% alors que la dette subordonnée (AT1) des mêmes émetteurs en rapporte… 6%.

Le marché obligataire européen de crédit est en train de nous illustrer une des premières leçons que nous apprenons en finance: la demande excédentaire. La suivante consiste à affiner la sélection afin de limiter les risques en cas de retournement des flux acheteurs. D’ici là, le marché devrait continuer à en profiter.

Nous vous invitons également à découvrir l'article ainsi que d'autres points de vue de Catherine Reichlin dans sa chronique mensuelle pour l'AGEFI.

 

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