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Wealth Management

La montagne et la souris

Les obligations vertes restent le format «chouchou» des investisseurs, avec 380 milliards de dollars de nouvelles émissions (+19%). Qu'en est-il des obligations liées au développement durable (SLB) et quelles sont les principales différences entre les deux ? Catherine Reichlin, analyse obligataire senior, nous en dit plus sur ce sujet.

L’intérêt pour le marché de la dette durable est toujours au rendez-vous. Pour preuve, durant le premier semestre, $717 milliards ont été émis sous divers formats, soit 14% de plus qu’au premier semestre 2022. Les obligations vertes restent le format « chouchou » des investisseurs avec $380 milliards de nouvelles émissions (+19%). Leurs sœurs sociales et durables progressent également, +18% et +7% respectivement. Leurs cousines, les obligations liées au développement durable (SLB), sont en revanche à la traîne avec -26% ! Les deux formats ont beau appartenir à la même famille, des différences fondamentales les séparent. Les premières sont liées à des projets, l’investisseur sait à quoi son argent est exactement utilisé. Les secondes sont liées à des objectifs généraux de l’émetteur, l’investisseur ne sait donc pas spécifiquement comment son argent est employé. Enel, producteur italien d’électricité, avait innové en 2019 avec ce nouveau format : des objectifs fixés par rapport à l’impact de l’entreprise, typiquement une réduction de l’empreinte carbone, et une pénalité en cas de non-atteinte desdits objectifs. Depuis, pléthore d’émetteurs lui ont emboîté le pas et même si les SLB font couler de l’encre, ils ne comptent que pour 4% du marché de la dette durable. Annoncé comme L’INSTRUMENT de la transition énergétique, ils provoquent davantage de doutes que d’enthousiasme chez les analystes. Selon une enquête d’ABN, bien que davantage de gérants de fonds utilisent ce type d’obligations, 16% ne s’autorisent toujours pas leur achat. Ils étaient cependant 21% en 2022. Les critiques sont, de façon compréhensible, toujours les mêmes : absence de standardisation qui ne permet ni la comparaison, ni l’évaluation de l’ambition des objectifs et un niveau de pénalité, en cas de non-atteinte des objectifs, qui manque de matérialité.

A cela s’ajoutent parfois de mauvaises pratiques de marché, comme des clauses de remboursement anticipé pour l’émetteur juste avant le paiement de la pénalité, l’absence de seconde opinion sur la structure ou encore l’absence de vérification scientifique des mesures. Parmi les émissions très récentes citons les aéroports de Londres Heathrow, de Rome ou encore du constructeur automobile Hyundai. Ces noms illustrent parfaitement la vocation des SLBs : soutenir des secteurs en transition. Penchons-nous un instant sur l’émission de Heathrow dont la structure a demandé près de deux ans de préparation et apporte des innovations. L’émetteur distingue pour commencer ses émissions « en l’air » (95%) de ses émissions « sur terre » (5%) et se donne des objectifs jusqu’au Scope 3 (émissions indirectes) – une première pour un aéroport.

Des objectifs ambitieux qui laissent songeurs, d’autant plus que l’aéroport songe à construire une troisième piste ! Le marché de la dette durable, toutes structures confondues, atteint désormais $6.8 trillions. Un chiffre impressionnant qui représente pourtant que 2.18% du marché de la dette. Dit autrement, les SLB comptent pour 0.09% du marché de la dette, une frange marginale qui pourtant fait, et va continuer à faire, beaucoup parler d’elle.

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