L’Allemagne a voté l’une de ses plus grandes expansions fiscales depuis l’après-guerre. La coalition sortante a proposé au parlement un plan en trois parties. Le premier volet propose de créer un fonds de 500 milliards d’euros dédié notamment à l’investissement en infrastructure, ce qui représente plus de 11% du PIB allemand. Le deuxième propose de retirer une partie des dépenses pour la défense du calcul du déficit budgétaire, ce qui permettra d’augmenter ces dernières sans contrevenir aux règles freinant l’endettement. Enfin le troisième propose d’augmenter les possibilités d’endettement des Etats fédérés (Länder).
La nouvelle coalition travaille par ailleurs déjà sur un assouplissement des limites réfrénant le déficit de l’Etat fédéral.
Un support à la croissance à moyen terme
La croissance allemande, déjà confrontée à des défis structurels ces dernières années (forte dépendance commerciale à une Chine en ralentissement, crise énergétique, manque d’investissement en infrastructure et dans la numérisation), est en outre menacée par la guerre commerciale avec les Etats-Unis, son premier partenaire commercial. Dans ce contexte, la relance fiscale est donc bienvenue et permettra vraisemblablement à l’Allemagne de sortir de la stagnation. Le déficit public pourrait ainsi augmenter de 1 à 2 points de pourcentage par an et évoluer autour de 4% dans les prochaines années. La croissance pourrait se rapprocher de la barre des 2% d’ici à 2027, ce qui soutiendra mécaniquement la conjoncture européenne.
Cette dernière en bénéficiera d’autant plus que la fin de l’austérité allemande marque peut-être le début d’un changement de paradigme. La Commission européenne travaille sur une proposition visant à permettre l’augmentation des dépenses de défense sans pour autant activer les procédures de correction de déficit excessif. Les investissements en infrastructure pourraient à l’avenir bénéficier d’un traitement favorable pour les pays dont les finances publiques ont une trajectoire contrôlée.
Avec une hausse du déficit public et de la demande à prévoir, les importations allemandes sont appelées à augmenter et le surplus du compte courant diminuer. Ce faisant, les déséquilibres commerciaux qui sont actuellement dans le viseur de l’administration Trump pourraient se réduire.
Une hausse des rendements appelée à durer
La première économie de la zone euro évoluant quasiment au plein emploi, les anticipations tant d’inflation que de croissance ont été revues à la hausse. La dette publique allemande devrait retrouver une trajectoire haussière, sans pour autant déraper.
Ces éléments militent pour que les taux de rendement souverains allemands à long terme (qui se sont déjà enrobés de 40 points de base depuis début mars sur les maturités de 10 ans) restent durablement plus élevés et que les écarts de crédit entre les obligations allemandes et le reste de l’Europe restent plus faibles.