Aller au contenu principal

Les obligations responsables sont des emprunts comme les autres

Découvrez le dernier point de vue de notre experte Catherine Reichlin, Analyste obligataire senior, dans l'AGEFI.

Dans un monde où les informations sont nombreuses, le marché des nouvelles émissions obligataires est une source qui permet de prendre le pouls du marché et d’observer les tendances.

A la mi-juin, deux grands producteurs d’électricité ont émis des obligations « responsables » : le français EDF et l’italien Enel. Les similitudes s’arrêtent ici.

Le premier a émis trois obligations vertes avec des maturités différentes et a attribué des projets différents à chacune des maturités : un emprunt à 7 ans lié à l’extension de la vie de réacteurs nucléaires, un à 12 ans pour les énergies renouvelables et un à 20 ans lié à la distribution d’électricité et au réseau.

Pour la première fois, un émetteur propose plusieurs obligations vertes à la fois en les liant à des projets clairement différenciés. Une approche intelligente qui a remporté un franc succès : €12.2 milliards de demande, dont une demande de €150 millions de la BEI qui soutient les projets de décarbonisation et l’amélioration du réseau électrique. L’obligation verte liée à l’énergie nucléaire respecte la taxonomie européenne qui classifie ce type d’énergie comme durable. Une vue qui ne fait cependant pas l’unanimité puisque certains investisseurs éthiques l’excluent en raison du traitement des déchets, de la potentielle prolifération d’armes et du risque d’accident lié à de potentielles radiations.

EDF illustre la vocation des obligations vertes : l’investisseur sait à quoi son argent est employé et peut choisir de prêter en adéquation avec ses valeurs.

Enel, de son côté, a choisi d’être fidèle au format obligataire que le groupe a inauguré en 2019 : les obligations liées au développement durable (SLB). Ici pas de projet spécifique, l’argent levé est utilisé pour les « besoins ordinaires de financement ».

Enel s’engage en revanche à réduire ses émissions de scope 1 d’ici à 2026 et si l’objectif devait ne pas être atteint, le coupon des obligations sera augmenté de 25pb. Ce ne serait pas la première fois et le groupe a déjà dû augmenter des coupons de SLB, alourdissant ainsi sa charge d’intérêt de plus de €80 millions.

Cela étant, le format est sous le feu des critiques, car il facilite entre autres choses la possibilité d’éco-blanchiment, et les volumes de nouvelles SLB sont en chute libre.

Le marché a néanmoins réservé un accueil chaleureux à Enel puisque la demande était près de trois fois supérieure à l’offre. La prime offerte sur ces emprunts en dollar n’est sans doute pas étrangère à l’appétit du marché.

Que peut-on tirer de ces exemples ?

D’une part, les investisseurs sont toujours très friands de nouvelles émissions, quel que soit le format, pour autant que les primes offertes par rapport aux emprunts existants soient attractives. D’autre part, EDF aurait pu économiser en moyenne 27pb par année, soit €8 millions par année ou €116 millions au total, en empruntant avant la dissolution de l’Assemblée Nationale. Le groupe étant détenu à 100% par l’Etat, sa prime de risque s’est écartée en sympathie avec celle de son propriétaire. Une autre manière de rappeler que quel soit le format, les obligations responsables sont des investissements financiers soumis aux mêmes règles que les obligations classiques.

Nous vous invitons également à découvrir d'autres points de vue de Catherine Reichlin dans sa chronique mensuelle pour l'AGEFI.

Information importante

N'hésitez pas à vous adresser à votre interlocuteur privilégié chez Mirabaud ou à nous contacter ici si ce sujet vous intéresse. Avec nos spécialistes dédiés, nous nous ferons un plaisir d'évaluer vos besoins personnels et de discuter des éventuelles solutions d'investissement qui seraient adaptées à votre situation.

Continuer vers

Ces articles peuvent également vous intéresser

Login
Choisissez votre langue