Asset Management
La Banque Nationale Suisse a maintenu son taux directeur inchangé jeudi. Le franc s’est immédiatement affaibli de 90 points de base face à l’euro et au dollar. Marie Thibout, stratégiste auprès de Mirabaud Asset Management, répond aux questions d’Allnews:
Pourquoi la BNS a-t-elle pris cette décision jugée surprenante par le marché?
La surprise est liée au langage employé précédemment par la BNS, qui restait ferme vis-à-vis de l’inflation. Les investisseurs s’attendaient effectivement à un relèvement des taux. Mais la décision n’est pas illogique. Nous pensions qu’il n’était pas nécessaire de procéder à une hausse des taux directeurs.
Qu’est-ce qui a fait pencher la balance?
L’argumentation est chercher dans la révision à la baisse des prévisions d’inflation pour 2025 à 1,9%. La hausse des prix devrait donc, à terme, satisfaire son objectif de stabilité qui est inférieur à 2%. Les dernières statistiques d’inflation renforcent également la confiance de la BNS dans cette évolution favorable.
La BNS se rapproche plutôt du discours de la Fed.
Est-ce que l’affaiblissement conjoncturel a joué un rôle?
La BNS constate une économie atone et ne révise pas ses prévisions de croissance (1% en 2023). Mais si la croissance européenne est assez faible, ce sont les perspectives d’inflation qui sont déterminantes pour la BNS.
Dans l’histoire, la BNS s’est rarement distinguée de la BCE. Pourquoi aujourd’hui?
La BCE a clairement indiqué qu’après la hausse des taux en septembre, elle entrait dans une phase de pause. De ce fait, la BNS n’a guère à craindre une baisse du franc face à l’euro.
Est-ce que la baisse du franc, ce jeudi matin, ne contredit-elle pas cette perspective?
La réaction des marchés ne va pas dans le sens voulu par la BNS, puisque la hausse du franc a réduit la hausse des prix des biens et services importés. En effet, la Suisse a pu, cette année, importer de la désinflation. La réaction à court terme provient de l’effet de surprise, les investisseurs s’attendant initialement à une hausse de taux de la BNS. Mais la BCE et la BNS devraient vraisemblablement privilégier le statu quo dans les prochains mois, et le différentiel de taux souverain entre l’euro et le franc restera relativement stable, ce qui plaide pour une stabilité du taux de change à moyen terme.
Nous ne prévoyons toutefois pas de récession en Suisse.
Quel est votre scénario sur le franc vis-à-vis de l’euro?
Nous sommes neutres sur cette pair de monnaies et ne devrions pas changer de scénario.
Est-ce que les achats de devises vont se poursuivre?
En 2023, la BNS devrait continuer d’acheter du franc et de vendre des devises si le franc se déprécie. Les dépôts de banques commerciales à la BNS atteignent 473 milliards de francs, contre environ 533 milliards au début janvier. Les ventes de devises ont été significatives. Le franc s’est apprécié d’environ 3%.
Est-ce que la pause est «hawkish» ou «dovish»?
Elle est clairement «hawkish». La BNS affirme qu’en cas d’évolution insatisfaisante de l’inflation elle se réserve le droit de relever ses taux pour respecter l’objectif de stabilité des prix. Elle prend ainsi ses distances avec la BCE, laquelle s’interroge plutôt sur la durée du maintien des taux au niveau actuel. La BNS se rapproche plutôt du discours de la Fed. Elle n’annonce pas en rien une baisse ultérieure des taux. Pour nous, une baisse des taux ne serait toutefois possible qu’en fin d’année 2024 dans le sillage d’un ralentissement de l’économie. Nous ne prévoyons toutefois pas de récession en Suisse.
N'hésitez pas à vous adresser à votre interlocuteur privilégié chez Mirabaud ou à nous contacter ici si ce sujet vous intéresse. Avec nos spécialistes dédiés, nous nous ferons un plaisir d'évaluer vos besoins personnels et de discuter des éventuelles solutions d'investissement qui seraient adaptées à votre situation.
Continuer vers