En bref:
- Donald Trump a remporté l’élection présidentielle américaine.
- Le Républicain prévoit d’augmenter les taxes sur les importations américaines et de baisser les impôts des entreprises.
- Pour qu’il puisse mener à bien son programme, le Parti républicain doit également remporter les élections au Congrès, dont l’issue reste incertaine.
À dix heures ce mercredi 6 novembre, Donald Trump n’était plus qu’à trois petits électeurs de remporter la présidentielle américaine. John Plassard, spécialiste en investissements à la banque Mirabaud, analysait alors les répercussions économiques du très probable retour du Républicain à la Maison-Blanche, qui a depuis été officialisé.
Comment réagissent les marchés à la très probable élection de Donald Trump?
Depuis tôt ce matin déjà, les marchés ont clairement joué la carte du Républicain. On a pu observer une forte progression du bitcoin et du dollar. Le rendement des bons du Trésor américain a lui aussi explosé, anticipant la politique inflationniste de Donald Trump. Tesla, la société d’Elon Musk, a progressé de 10%. Celle du Républicain, Trump Media & Technology Group, de 40%.
Et du côté suisse et européen?
On a également misé sur la victoire de Donald Trump. Les marchés européens sont en baisse depuis ce matin. On craint la mise en place de taxes sur les importations américaines. À en croire le programme du Républicain, elles pourraient atteindre jusqu’à 10%, contre 2,5% pour le moment. Il faut rappeler que les États-Unis sont le premier partenaire commercial de la Suisse après le bloc européen. Ces taxes auraient donc un impact considérable sur les entreprises exportatrices helvétiques. Mais, bien que l’élection de Donald Trump ne fasse plus vraiment l’ombre d’un doute, leur adoption dépendra en grande partie de l’issue de l’élection du Congrès. Si les Républicains ont remporté le Sénat, la composition de la Chambre des représentants reste incertaine.
«On pourrait donc observer la résurgence de tensions commerciales, voire l’éclatement d’une véritable guerre commerciale.» John Plassard
Quelles seraient les conséquences d’un Congrès divisé?
Un congrès divisé, comme ce fut le cas lors ces deux dernières années, complexifie passablement la mise en place des projets de loi. On a pu le voir avec l’avortement. Ainsi, si les Démocrates remportent la majorité à la Chambre des représentants, il deviendrait bien plus délicat pour Donald Trump d’appliquer son programme, et donc de revoir les taxes d’importation à la hausse, ou encore de baisser les impôts pour les entreprises.
Que signifie l’élection de Donald Trump pour l’économie américaine?
Il y a d’un côté la question des sociétés. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait baissé la taxe sur les entreprises, ce qui avait eu pour effet de booster les petites et moyennes sociétés, véritables moteurs de la croissance américaine. On peut s’attendre à un phénomène similaire. De l’autre, les tensions géopolitiques vont probablement s’aggraver, ce qui influencera les échanges économiques. Joe Biden avait opté pour une politique attentiste. Donald Trump, pour sa part, promet un plus grand interventionnisme. À cela s’ajoute la potentielle remise en question de l’OTAN. On pourrait donc observer la résurgence de tensions commerciales, voire l’éclatement d’une véritable guerre commerciale. Les secteurs automobiles et l’industrie des technologies de pointe risquent notamment de subir de très fortes tensions.
On a beaucoup entendu parler de l’impressionnante dette publique américaine. Comment le Républicain compte-t-il y faire face?
La dette représente aujourd’hui un peu plus de 35 000 milliards de dollars. Selon les projections, elle pourrait s’alourdir de 7500 milliards d’ici à 2035. Mais le véritable problème, selon moi, se situe dans le paiement des intérêts de la dette, qui dépassent aujourd’hui le budget de l’armée américaine. On parle de 1200 milliards de dollars d’intérêts. Pour y répondre, Donald Trump mise sur la croissance: imprimer davantage de monnaie tout en stimulant la demande des investisseurs étrangers avec des rendements intéressants. Et puis, à nouveau, l’augmentation des barrières tarifaires doit participer au remboursement de la dette.
Trump affirme vouloir faire des États-Unis la capitale du bitcoin et des cryptomonnaies. Que peut-on attendre de sa part?
D’une certaine façon, il s’agit d’un comportement opportuniste, puisque cette communauté représente de nombreux électeurs potentiels. Il n’en reste pas moins que le Républicain est plutôt favorable au développement de monnaies décentralisées, qu’il considère comme plus sûres. Il a d’ailleurs promis qu’il ne réglementerait pas davantage en la matière. La progression du bitcoin ce matin, qui a atteint un nouveau record, reflète cet engouement.
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